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Social Des légumiers redonnent le goût du travail à des personnes en difficulté

Un "réseau d'entreprises légumières d'insertion" (Relie) se met lentement en place depuis 4 ans à l'initiative des producteurs de légumes, pour redonner confiance par le travail à des personnes en difficulté.

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"Il s'agit de mettre en place des entreprises légumières pour permettre à des personnes exclues du monde du travail de se former et d'acquérir des compétences pour qu'elles puissent trouver ensuite du travail dans ce secteur qui manque de main-d'oeuvre", a expliqué à l'AFP Claire Laget, directrice déléguée de Relie, un service crée en 1999 par la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL).

Les 40.000 exploitations légumières françaises emploient 200.000 personnes, selon Angélique Delahaye, la présidente de la FNPL.

L'idée de Relie est née à l'Aqueduc, une entreprise de Saint-Martin-du-Crau (Bouches-du-Rhône), conventionnée comme entreprise d'insertion depuis 1991, qui compte sept ouvriers spécialisés permanents auxquels d'ajoutent 12 postes d'insertion. En plus de dix ans, près de 300 personnes y ont travaillé en contrat d'insertion. Soixante pour cent d'entre eux bénéficient aujourd'hui d'un emploi stable, dont la moitié dans le secteur légumier, ce qui prouve le succès de cette formule.

Actuellement, Relie compte 13 entreprises réparties entre la Bretagne, le Languedoc-Roussillon, Provence-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées, le Limousin et la Normandie, et espère atteindre le chiffre de 30 en 2009.

"Nous espérions arriver à ce nombre de 30 dès 2004 mais les créations sont lentes car elles suscitent des suspicions de la part des institutions qui se posent des questions sur l'éthique de ces entreprises", a indiqué Claire Lager. Chaque entreprise se voit accorder par le ministère du Travail 9.800 euros par an par poste d'insertion.

Une Elie (entreprise légumière d'insertion par l'économique) est pourtant une entreprise à part entière qui produit des légumes et assure leur vente dans le réseau marchand concurrentiel.

"La seule différence entre une exploitation classique et une Elie c'est que la production, dans le premier cas, est une finalité, alors que pour l'Elie c'est un moyen. L'outil de production est un outil pédagogique", souligne la directrice déléguée de Relie.

Pour Christophe Liot, un producteur de plants de légumes pour les potagers à Bretteville en Saire (Manche) qui a embauché, avec des CDD de 2 ans (le maximum permis), deux personnes sur des postes d'insertion, "il faut avoir de solides convictions pour se lancer dans un tel projet".

"Redonner confiance c'est quelque chose de difficile quand il faut apprendre à un employé à se lever tous les matins, être à l'heure, acquérir un rythme de travail et prendre des initiatives. Deux ans cela paraît long, mais c'est court", souligne-t-il.

"Surtout que la législation est relativement rigide en obligeant par exemple à suspendre le contrat d'insertion afin de permettre à un employé de suivre un stage de conducteur de remorques pour trouver ensuite un emploi permanent dans une entreprise d'entretien paysager", ajoute-t-il.

"Il faut trouver l'équilibre entre l'économique et le social. Economiquement, ce n'est pas toujours rentable, même avec les aides, mais humainement cela n'a pas de prix", résume avec un grand sourire Christophe Liot, conscient qu'il permet à des personnes de ne plus se sentir des "bons à rien".


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